Présentation de l’éditeur
Maud Coudrais propose, dans cet essai, de renouveler notre regard sur le droit pour lui redonner une chance d’organiser les rapports sociaux de manière moins chaotique. Elle dresse un constat documenté et sans concession du processus avancé de déshumanisation du droit, fondé sur le culte de la raison et la dévalorisation de l’émotion. Les normes s’artificialisent toujours davantage, combattant les lois de la nature et dénaturant la nature des lois. La pensée juridique se nécrose. Les avocats se bureaucratisent. Les juges se robotisent. Une grande partie du peuple est démobilisée et la force publique est livrée à une gestion managériale.
En réalité, cette technocratie juridique n’est qu’une dangereuse illusion. Le mépris des affects est une stratégie vouée à l’échec comme les nombreuses manifestations du violent retour de l’émotionnel refoulé le montrent : intégrisme terrorisme, déjudiciarisation perverse, tribunal médiatique, démagogie législative, soulèvements populaires, séparatismes communautaires, ensauvagement sécuritaire, zones de non-droit…
Ce livre destiné tant aux juristes qu’aux citoyens nous incite à tirer les leçons de nos expériences collectives en redécouvrant l’irréductible humanité du droit et ses vertus oubliées. Le droit n’est pas seulement un savoir-faire mais avant tout un savoir-être. La santé de l’organisme social repose sur l’indispensable interaction entre intellect et sensibilité. Ne serait-il pas temps d’arrêter d’utiliser le droit comme une technique de domination et de retrouver la voie d’une éthique juridique de l’humilité, de la bonne foi et de la bonne volonté ?
Maud Coudrais est avocate au barreau de Paris en droit international de la famille. Docteur en droit, elle a consacré sa thèse à la conciliation de la technique juridique et de la justice et collabore avec diverses revues.