Présentation
Hannah Arendt, dans son livre Essai sur la Révolution, au moment d’analyser deux processus constituants postrévolutionnaires, le français et l’américain, évoque certaines narratives, surtout développés par les Américains, qui renvoient à des légendes bibliques. Ses incursions historiques invitent à ne pas être frileux au moment de poser la classique problématique du pouvoir constituant. Entre droit, morale et politique, le moment fondateur de l’État et, plus en général, de n’importe quel ordre juridique doté d’une constitution, d’un moment constituant, a mis dos au mur presque tous les philosophes du droit, du moins du côté positiviste. Dans la mesure, en effet, où l’on rejette une sorte de production naturelle d’un ordre juridique, on se confronte aux frontières de notre pensée juridique.
La solution de Kelsen, on le sait, parait prendre le chemin épistémologique et se réduire à une présupposition : le premier constituant historique résulterait autorisé, pour qu’il exerce son pouvoir normatif, par une douteuse norme fondamentale, un concept que lui a valu de nombreux attaques. Ce travail prétend, d’une certaine manière, unir les chemins de Arendt et Kelsen, des philosophes, à la fois, juifs et complètement a-religieux dans ses propositions philosophiques. Cela étant dit, le point de départ de mon analyse sera précisément une sorte d’arrière-plan commun, constitué par l’histoire du pouvoir normatif du peuple d’Israël en tant qu’élu.
De la même manière que l’on lit le Fédéraliste pour comprendre la démocratie des Etats-Unis, ou les discours de Robespierre ou Sieyès pour la démocratie française, on proposera une lecture du vieux Testament a fin de mettre en lumière une relation, puissante, mais souvent cachée, entre la théorie de la norme fondamentale, du côté pur de la théorie kelsenienne, et son universalisme pacifiste, du coté politique de sa philosophie. La norme fondamentale, de cette manière, cesse d’ être un objet mystérieux, et devient un instrument pour expliquer le choix d’un peuple, qui ne possède aucune qualité naturelle pour être élu, qui ne reçoit aucun don ou privilège, sauf celui d’être le récipient de ce que l’on peut appeler confiance normative, c’est-à-dire la confiance en ce que ce peuple saura assumer la responsabilité de répondre de manière satisfaisante à une mission normative internationale, objectif de l’exercice du pouvoir constituant originaire.
Programme
17h00 : Intervention de Alberto Puppo, Professeur à l’Instituto Tecnológico Autónomo de México
19h00 : Fin
Entrée libre
Egalement sur Zoom : ID de réunion : 825 3540 0694 - Code secret : 7074
Séminaire ThéorHis organisé par le CTAD, CNRS, Université Paris Nanterre - PSL - ENS