Explorer l’autonomie des villes : Dimensions philosophiques, juridiques et politiques

Appel à communication

Explorer l’autonomie des villes : Dimensions philosophiques, juridiques et politiques

Atelier, Paris, 12-13 Juin 2025

Date limite le samedi 01 mars 2025

Les villes ont longtemps servi de centres d’activité économique, d’innovation culturelle et d’expérimentation politique. Pourtant, leur rôle et leur statut au sein de systèmes politiques plus vastes font l’objet d’un débat permanent. Ces dernières années, les appels à l’octroi d’une plus grande autonomie aux villes ont pris de l’ampleur, poussés par des défis tels que l’urbanisation, le changement climatique et les inégalités croissantes. Cependant, l’autonomie s’accompagne de nombreuses questions complexes concernant la gouvernance, la justice et l’égalité. Alors que la signification philosophique et théorique de l’autonomie territoriale a été largement explorée, le statut spécifique des villes est resté un sujet sous-estimé dans la philosophie politique normative jusqu’à très récemment (Weinstock, King, Schragger...). Cet appel à résumés invite les philosophes, les théoriciens du droit et les politologues à se pencher sur la question multiforme de l’autonomie des villes.

Nous recherchons des contributions qui explorent les conditions dans lesquelles les villes devraient se voir accorder l’autonomie, les implications de l’autonomie pour l’égalité, et les défis spécifiques aux villes dans leur relation avec les systèmes de gouvernance régionaux, nationaux et mondiaux. L’objectif est de favoriser un dialogue solide sur la question de savoir si l’autonomie (et sous quelle forme ? quel statut constitutionnel ?) est le cadre approprié pour donner du pouvoir aux villes ou si d’autres approches, telles que le pouvoir par le biais de la subsidiarité, sont mieux adaptées à la réalisation de la justice et d’une gouvernance efficace.

 

Contexte et justification

Les villes sont de plus en plus en première ligne pour relever les défis mondiaux, qu’il s’agisse du changement climatique ou de la crise du logement social. En tant que moteurs de la croissance économique et pôles de diversité, les villes ont des besoins et des capacités uniques qui divergent souvent des contextes ruraux ou régionaux dans lesquels elles s’inscrivent. Malgré cela, les villes sont souvent – même si ce n’est pas toujours le cas et seulement depuis le XVIIe siècle en Europe – subordonnées à l’État ou aux gouvernements provinciaux, ne disposant pas de l’autorité légale et des ressources nécessaires pour relever pleinement les défis auxquels elles sont confrontées.

Parallèlement, les fondements philosophiques de l’autonomie et de l’autodétermination restent contestés. Des philosophes tels que David Miller, Margaret Moore, Allen Buchanan et Christopher Wellman ont débattu des conditions dans lesquelles l’autodétermination est justifiée, notamment des questions d’identité, de gouvernance et de justice distributive.

Pour les villes, ces débats philosophiques recoupent des questions juridiques pressantes sur la possibilité et les implications de la constitutionnalisation du statut de ville dans des cadres nationaux. Les villes devraient-elles avoir des droits similaires à ceux des provinces ou des États dans une fédération ? Comment une telle transformation constitutionnelle pourrait-elle remodeler la gouvernance urbaine ?

L’idée d’accorder l’autonomie aux villes soulève plusieurs questions essentielles :

  1. Autonomie et empowerment : Les villes doivent-elles bénéficier d’une autonomie garantie par la Constitution ou suffit-il de leur donner les moyens d’agir au sein des hiérarchies existantes par le biais de mécanismes tels que la subsidiarité ascendante ?Devons-nous conceptualiser l’autonomie en termes de souveraineté territoriale, à l’instar des États dans une fédération, ou préférer des modèles d’habilitation qui renforcent la prise de décision locale sans rompre totalement les liens hiérarchiques ?
  2. Autonomie et inégalité : L’autonomie territoriale exacerbe-t-elle intrinsèquement les inégalités entre les régions ou les villes ? L’autonomie et l’égalité peuvent- elles être conciliées, en particulier en termes de répartition ? Comment les systèmes de péréquation ou de solidarité abordent-ils les disparités en matière de ressources et d’opportunités ? En particulier, quel degré d’autonomie devrions-nous accorder aux villes, de la pleine autonomie fiscale à d’autres prérogatives moins étendues ?
  3. Les défis uniques de l’autonomie urbaine : Les villes sont confrontées à des défis spécifiques en matière de gouvernance, notamment une forte densité de population, des disparités économiques et des préoccupations environnementales. Comment ces facteurs devraient-ils influencer la conception et la mise en œuvre de l’autonomie urbaine ?

 

Cet appel invite les auteurs à soumettre des résumés qui examinent de manière critique ces questions et d’autres questions connexes, en s’appuyant sur diverses disciplines et méthodologies. Cependant, toute contribution développant une approche théorique de la ville sera considérée.

 

Thèmes et sujets

Nous encourageons, de manière non exhaustive, les soumissions qui abordent les thèmes primordiaux suivants :

 

1. Fondements philosophiques et justifications

  • Quelles justifications peuvent être apportées à l’octroi de l’autonomie aux villes ? Les villes ont-elles droit à l’autodétermination au même titre que les États-nations ?
  • Quel est le fondement normatif à utiliser pour accorder l’autonomie aux villes ? La liberté d’association peut- elle être un motif d’autonomie, ou l’autonomie nécessiterait-elle des conditions plus exigeantes ?
  • Si l’autonomie est trop exigeante, quelle forme d’habilitation faut-il privilégier, par exemple quelle forme de subsidiarité ?

 

2. Autonomie ou responsabilisation

  • L’autonomie doit-elle prendre la forme d’une souveraineté territoriale (comme dans un État au sein d’une fédération) ou d’une responsabilisation par le biais de la subsidiarité ? Quels sont les avantages comparatifs de chacun ?
  • Comment ces modèles peuvent-ils concilier la nécessité d’une prise de décision locale avec les préoccupations plus larges liées à la cohésion nationale et aux défis mondiaux ?
  • Quelle option s’aligne le mieux sur d’autres valeurs que l’on peut privilégier (solidarité, efficacité, réactivité démocratique ?).

 

3. Équilibrer l’autonomie et l’égalité

  • L’autonomie risque-t-elle de favoriser les inégalités entre les villes et les régions, ou peut-elle coexister avec une gouvernance équitable ?
  • Quels mécanismes (par exemple, transferts fiscaux, systèmes de péréquation) peuvent atténuer les disparités potentielles tout en préservant la capacité de décision locale ? Comment doivent-ils être justifiés et quelle forme doivent-ils prendre en fonction de la justification de principe ?
  • Comment les théories distributives de la justice abordent-elles la tension entre l’autonomie urbaine et la solidarité nationale ?

 

4. Défis liés à la mise en œuvre de l’autonomie urbaine

  • Quels sont les défis pratiques et juridiques liés à l’octroi de l’autonomie aux villes ? Leur statut devrait- il être constitutionnalisé ?
  • Quel est le degré d’autonomie souhaitable - des droits culturels et politiques au contrôle fiscal total ? Quels sont les compromis à trouver aux différents niveaux d’autonomie ?
  • Comment les cadres de gouvernance devraient-ils aborder la fragmentation métropolitaine et le chevauchement des compétences ? En particulier pour des questions spécifiques, telles que les politiques de logement ?
  • Quelles questions spécifiques peuvent se poser lorsque les villes se voient accorder l’autonomie ? Comment un système avec des villes autonomes devrait-il, par exemple, gérer l’immigration ?

 

Détails de la soumission

Nous invitons les candidats à soumettre des résumés de 500 mots maximum qui décrivent clairement la question de recherche, le cadre théorique, la méthodologie et la contribution attendue au domaine, accompagnés d’une courte bibliographie. Les approches théoriques, interdisciplinaires et appliquées seront également prises en considération.

Veuillez inclure les éléments suivants dans votre soumission :

  • Titre du résumé.
  • Nom et affiliation de l’auteur ou des auteurs.
  • Adresse(s) électronique(s).
  • Indication du ou des domaine(s) thématique(s) abordé(s) par votre résumé (mots-clés).

Veuillez nous indiquer dans votre candidature si vous disposez du budget nécessaire pour financer cet atelier, ou si vous avez besoin d’une aide supplémentaire. Un financement partiel peut être discuté individuellement en fonction des besoins et de la disponibilité, mais il ne peut être garanti.

 

Dates clés

  • Date limite de soumission des résumés : 1er mars 2025.
  • Notification d’acceptation : 15 mars 2025.
  • Dates de la conférence : 12-13 Juin 2025.

 

Possibilités de publication

Les articles sélectionnés peuvent être invités à être publiés dans un volume édité ou un numéro spécial d’une revue consacrée aux thèmes de l’autonomie et de la gouvernance des villes.

 

Lieu de l’atelier

L’atelier aura lieu au Center for Critical Democracy Studies de l’American University of Paris.

 

Organisation

Nathanaël Colin-Jaeger (AUP), Nefeli Lefkopoulou (Sciences Po Paris), Marc Goetzmann (Université de Tours).

 

Informations sur le contact

Pour toute question ou information complémentaire, veuillez contacter ncolinjaeger@aup.edu

Nous nous réjouissons de recevoir vos contributions et d’entamer une discussion stimulante sur le rôle critique et évolutif des villes en matière de gouvernance, de justice et d’égalité.