vendredi15oct.2021
09:3018:00
Le droit et la question de l'origine

Journée d'étude

Le droit et la question de l'origine


Présentation

 

L'illustration évoque cet épisode d'Enée le pieux qui, emportant son père infirme sur ses épaules, fuit la ville de Troie laissée à son terrible sort. Ce personnage mythique sera regardé par les Romains comme le fondateur de leur civilisation, née des douleurs de l'exil. Le propos est de donner une assise civilisationnelle à cette question de l'origine en interrogeant l'histoire du droit et des institutions, entendue largement.

L'histoire n'est pas en effet simplement un ensemble de faits et d'événements saisis dans leur matérialité positive. Elle se présente comme un récit plus ou moins légendaire qui s'ordonne à un parti pris historiographique. C'est ce que met en évidence la grande épopée de Virgile. La force créatrice de l'imagination rejoint une volonté d'exalter cette romanité constituée autour des valeurs ancestrales, au moment où la Ville éternelle se prépare à devenir le centre d'un immense empire.

Cette ambition de conjurer les périls d'une dissolution de l'identité romaine est d'autant plus remarquable qu'elle sera à l'arrière-plan de cette ample réflexion sur la « décadence des Romains », thème qui occupera longtemps l'esprit des Européens. L'histoire européenne est taraudée par cette tension qui surgit du rapprochement de ces deux formules quasiment proverbiales : d'un côté, tous les chemins mènent à Rome ; de l'autre, Rome n'est plus dans Rome. Il n'est pas inutile de retracer l'origine de tel ou tel principe ou institution. Ab ovo ; « à partir de l'œuf » : ce sont ces mots que prononcent les Latins qui font ici référence à la naissance de la belle Hélène dont l'enlèvement déclenchera la guerre de Troie.

Mais le tour de force, c'est de tenter de retrouver dans le traitement historiographique u intellectuel réservé à la question de l'origine le signe révélateur d'un projet, d'une direction existentielle, d'une communauté d'intention. L'origine devient le foyer d'un volontarisme qui exige, pour produire tous ses effets normatifs dans l'ordre politique ou social, la formation d'une conscience de soi. Ce colloque jette ainsi une lumière sur cette conscience de soi que veut soutenir la théologie politique de l'ancienne France. Il propose en second lieu un regard sur ce basculement dans la modernité qui libère un espace pour l'affirmation d'une conscience individuelle et démocratique. Pris dans les rets d'une culture de l'immuable et de la fidélité à quelque figure tutélaire ou tourné vers une exigence d'autonomie et de garantie juridictionnelle, le droit n'est peut-être, au bout du compte, qu'une composition prospective autour de la question de l'origine.

 

Programme

 

9h30 : Allocutions de bienvenue
Julien Bourdoiseau, Doyen de la Faculté de droit, économie & sciences sociales de l'Université de Tours
Pierre-Yves Monjal, Professeur de droit public, Faculté de droit, économie & sciences sociales de l'Université de Tours, co-directeur de l'IRJI François-Rabelais (EA 7496)

9h45 : Pharamond : portrait d'un fondateur inachevé
Stéphane Mouré, Maître de conférences d'histoire du droit, Faculté de droit, économie & sciences sociales de l'Université de Tours

10h15 : L'origine divine du pouvoir royal au XIIe siècle
Guillaume Bergerot, Maître de conférences d'histoire du droit, Université Catholique de l'Ouest (UCO)

10h45 : Pause

11h00 : L'origine de la loi dans la pensée thomiste
Pierre-Louis Boyer, Maître de conférences d'histoire du droit, Faculté de droit, sciences économie & gestion de l'Université du Mans

11h30 : Le discours des origines dans les revendications de Catherine de Médicis sur le royaume du Portugal
Paul Chauvin-Hameau-Madeira, Maître de conférences d'histoire du droit, Faculté de droit, économie & sciences sociales de l'Université de Tours

12h00 : Discussion

 

12h30 : Pause déjeuner

 

14h00 : Un discours d'origine peut-il fonder le droit ?
Pascal Nouvel, Professeur de philosophie, Directeur du Centre d'Ethique et de Philosophie Contemporaine, Université de Tours

14h30 : Les origines philosophiques et anthropologiques de la société civile
Henri Bouillon, Maître de conférences de droit public, UFR Sciences Juridiques Economiques Politiques de Gestion de l'Université de Franche-Comté

15h00 : La défense des alleux : un discours français sur les origines de la propriété
Alexandre Deroche, Professeur d'histoire du droit, Faculté de droit, économie & sciences sociales de l'Université de Tours

15h30 : Discussion

15h45 : Pause

16h00 : La justice criminelle et le refrain des droits de l'homme sous la Révolution française
Loris Chavanette, Docteur en histoire

16h30 : Les origines de la volonté du peuple : un mystère du droit constitutionnel ?
Bruno Daugeron, Professeur de droit public, Université Paris-Descartes, Directeur du Centre Maurice Hauriou

17h00 : Les origines du modèle européen de « démocratie par le droit »
Martial Mathieu, Professeur d'histoire du droit, Faculté de droit de l'Université de Grenoble

17h30 : Discussion

18h00 : Fin de la journée d'étude

 

 

Inscription gratuite obligatoire par mail auprès de : veronique.picard@univ-tours.fr - 02 47 36 11 70

Date limite d'inscription : 8 octobre inclus

7 heures de formation reconnues pour les avocats


Organisée par l'IRJI François-Rabelais (EA 7496), Université de Tours sous la direction de Stéphane Mouré, avec Paul Chauvin-Hameau-Madeira et Alexandre Deroche



Faculté de droit, économie & sciences sociales
Bâtiment B - Amphi E
50 avenue Jean Portalis
37200 Tours

Université de Tours
Faculté de Droit, d'Economie et des Sciences Sociales
Institut de recherche juridique interdisciplinaire François Rabelais

Ouvert à la formation continue des professionnels