Présentation
« La médecine de demain ne sera pas la même que celle d'aujourd'hui : prédictive, personnalisée, numérique, elle devra sans cesse s'adapter aux nouveaux enjeux et aux nouvelles technologies ». C'est par cette phrase que la Stratégie nationale de santé 2018-2022, présentée par le Ministère des solidarités et de la santé, indique vouloir faire de l'introduction du numérique en santé, et notamment des données massives, l'avenir de la santé publique. L'utilisation des données massives en santé publique, telle que décrite dans les discours, pourrait, en effet, offrir de nouveaux outils pour la santé publique. Par exemple, dans le domaine de la cancérologie, l'utilisation des Big data permettrait d'anticiper la survenue de certains cancers en mettant en lumière de nouveaux facteurs de risques. Les données des hôpitaux sont, elles, utilisées afin d'appréhender et de suivre la dissémination des staphylocoques en milieu hospitalier pour proposer des stratégies de lutte contre la bactérie. Le recueil de données pourrait encore jouer un rôle en matière de pharmacovigilance, voire de matériovigilance, notamment pour centraliser les évènements indésirables, identifier et mesurer les risques d'un médicament ou d'un dispositif médical, conduisant à son retrait du marché. En somme, l'introduction des données massives en santé publique renouvellerait cette discipline centenaire. Ce renouvellement se déclinerait de plusieurs manières : possibilité d'exploiter ensemble des bases de données publiques et des bases de données privées, incluant aussi des données issues d'objets connectés ; possibilité de collecter et traiter une grande diversité de données (signaux biologiques, dépenses de santé, observance des traitements, facteurs environnementaux, habitudes de vie etc.) ; possibilité de stocker un nombre toujours plus important de données... Les discours favorables des acteurs publics projettent l'élaboration de nouveaux plans de prévention en santé, des traitements mieux ciblés pour les patients et l'ouverture de voies de recherche insoupçonnées en santé publique. Le changement ainsi décrit aurait aussi pour conséquence de faire intervenir de manière renouvelée les acteurs privés dans le domaine de la santé publique. Le programme Google Flu développé à la fin des années 2000 en est un exemple bien connu, quoique discuté. Le traitement des données massives en santé publique pourrait être davantage qu'une voie méthodologique supplémentaire au service des fins traditionnelles de la santé publique. En s'imposant, elle pourrait entraîner un changement de cadre de pensée et provoquer ou exprimer une modification profonde de l'objet même de la santé publique. Un tel bouleversement – qu'il soit purement méthodologique ou plus fondamental – appelle une étude critique pluridisciplinaire. Il suscite, en effet, des interrogations sur les opportunités à saisir et des craintes sur les risques induits, notamment sur la manière d'assurer le respect de la vie privée des individus dont les données sont collectées, sur la fiabilité des données exploitées par des opérateurs privés et publics, sur le contrôle social des choix méthodologiques qui auront des conséquences sur les politiques de santé publique futures. En somme, quelles sont les implications d'une telle évolution ? Quelle reformulation du champ de la santé publique en découle ? L'introduction des données massives induit-elle une rupture ou une continuité pour les pratiques en la matière ? A quelles transformations faisons-nous face, pour quels risques et pour quels bénéfices ? Ces questions font l'objet du présent colloque.
Programme
09h00 : Accueil des participants, café
09h20 : Allocution d'accueil
Stéphane Tirard, PU, Université de Nantes, CFV, Responsable du Programme DataSanté
1. Détection et prévention des maladies
Présidente de session : Patricia Lemarchand, PU-PH, CHU Nantes
9h30 : Lutte contre les maladies virales et infectieuses
Lara Khoury, PU, Université McGill
Paul Veron, MCF, Université de Nantes, DCS
10h20 : Discussions avec la salle
10h40 : Prévention des maladies génétiques
Ma'n H. Zawati, Directeur exécutif au Centre de génomique et de politiques de McGill
Sandra Mercier, MCU-PH, CHU Nantes
Emmanuelle Rial-Sebbag, DR INSERM, UMR 1027 Equipe 4
12h00 : Discussions avec la salle
12h30 : Pause déjeuner
2. Les frontières de la santé publique
Président de session : Pierre-Antoine Gourraud, PU-PH, CHU Nantes
13h30 : Renouvellement des champs classiques : hygiène et éducation
David Buckeridge, PU, Université McGill
Marine Friant-Perrot, MCF, Université de Nantes, DCS
14h20 : Discussions avec la salle
14h40 : Extension à de nouveaux champs de la santé publique ?
Jean-François Toussaint, PU Université Paris-Descartes, Directeur de l'Irmes
Margo Bernelin, Post-doctorante DataSanté, Université de Nantes, DCS
15h30 : Discussions avec la salle
15h50 : Pause-café
16h00 : Synthèse
Sonia Desmoulin-Canselier, CR CNRS, DCS
16h20 : Discussions et fin des travaux
Informations et inscriptions : karine.lejeune@univ-nantes.fr
Organisé sous la responsabilité scientifique de Margo Bernelin et Sonia Desmoulin-Canselier, dans le cadre du programme DataSanté