Ce colloque est co-organisé par le Centre de Recherche Juridique Pothier (CRJP) de l'Université d'Orléans et le Centre de droit international (CEDIN) de l'Université Paris-Nanterre
Présentation du colloque
Les questions religieuses sont souvent abordées, dans le cadre des études de droit international public, sous l'angle des droits de l'homme et de la protection de la liberté religieuse. Elles ont donné lieu à des études particulièrement approfondies et stimulantes. Toutefois, l'étude du droit international évacue largement la question de la religion. Comme le droit interne de la plupart des Etats, le droit international se serait sécularisé, affranchi de sa tutelle. Et il est évidemment devenu usuel de rendre compte du droit international, de le pratiquer, sans faire aucune référence théologique ou confessionnelle. Est-ce à dire que Dieu est absent de cette discipline ? Ou alors est-il caché ?
Lorsque la notion de religion est évoquée, il convient de distinguer deux éléments bien différents. Tout d'abord, la religion est une dimension qui structure des représentations, celle de chaque individu dans son rapport au monde. Quelle que soit sa conviction, chacun prend position sur le religieux. Elle aura une influence sur les actions et les autres champs de l'activité intellectuelle.
Par ailleurs, la religion est inséparable de la création d'organisations, de structures, de hiérarchies personnelles. Dans l'immense majorité des cas, elles n'intéressent guère le droit international. Mais cela ne signifie pas qu'il y soit totalement indifférent. Certaines institutions ont une vocation transnationale assumée, parfois d'ailleurs reconnue en droit international par le biais de l'octroi d'une personnalité juridique, par l'inclusion de certaines d'entre elles dans le fonctionnement d'organisations internationales. Le Saint-Siège est une illustration ancienne de ce type de structures ; l'Organisation de la Coopération islamique en est une autre. L'Ordre de Malte se définit comme « souverain ». Le Congrès juif mondial n'est juridiquement pas reconnu dans le champ du droit international mais il agit en tant que négociateur avec les Etats dans un certain nombre de domaines et dialogue avec d'autres structures fondées sur une dimension religieuse. Des organisations non-étatiques, fondées sur une allégeance religieuse, peuvent entreprendre des actions qui ont un effet perturbateur du fonctionnement des relations internationales. Quelles sont les forces agissantes du religieux dans le champ du droit international ? Comment fonctionnent-elles et quels sont leurs objectifs ?
La religion n'est donc peut-être pas seulement un objet protégé par le droit, elle serait également un facteur structurant du droit international (et des relations internationales). C'est cet « angle mort » que le présent colloque se propose d'explorer, en identifiant comment la religion peut profondément façonner, dans certains domaines, l'Etat et le droit international.
Programme
Jeudi 13 octobre 2016
09h00 : Accueil des participants
09h30 : Rapport introductif :
Dieu et le droit international
Nicolas Haupais, Professeur de droit, Université d'Orléans
I. Le droit international vu par les religions
10h00 :
Monothéisme et droit international
Sous la présidence de Aram Mardirossian, Professeur d'histoire du droit, Université Paris Nanterre
Christianisme et droit international
Laurent Trigeaud, Maître de conférences en droit, Université Panthéon-Assas (Paris II)
Islam et droit international
Slim Laghmani, Professeur de droit, Université de Carthage
Judaïsme et droit international
Charles Leben, Professeur émérite, Université Panthéon-Assas (Paris II)
11h00 : Discussion avec la salle
11h30 : Pause-café
11h45 :
Entités confessionnelles internationales et organisations internationales
Sous la présidence de Sophie-Hélène Trigeaud, Sociologue, Directrice d'études et chargée d'enseignement à l'Institut catholique de Paris
Saint-Siège et Nations Unies
Anne-Thida Norodom, Professeur de droit, Université de Rouen
Organisation de la Coopération islamique et Nation-Unies
Pierre Bodeau- Livinec, Professeur de droit, Université Paris Nanterre
Saint-Siège et Conseil de l'Europe
Géraldine Giraudeau, Professeur de droit, Université de Perpignan Via Domitia
12h45 : Discussion avec la salle
La place du religieux dans le droit international
14h00 :
Sources du droit et religion
Sous la présidence du Professeur Alain Pellet, Professeur émérite, Université Paris Nanterre
Le droit transnationnal religieux
Franck Latty, Professeur de droit, Université Paris Nanterre, Directeur du CEDIN
Réserves aux traités et religion
Marjorie Beulay, Docteur en droit et ingénieur de recherches, Université Paris VIII
14h40 : Discussion avec la salle
15h00 :
Les acteurs internationaux et religion
Sous la présidence de Cécile Guerin-Bargues, Professeur de droit, Université Paris Nanterre
Formation de l'Etat et religion
Anne-Laure Chaumette, Maître de conférences HDR en droit, Université Paris Nanterre
ONG et confréries religieuses
Marina Eudes, Maître de conférences HDR en droit, Université Paris Nanterre
Le « dark side » de la société civile religieuse
Julien Cazala, Maître de conférences HDR en droit, Université d'Orléans
16h00 : Discussion avec la salle
16h20 : Pause-café
16h30 :
Maintien de la paix et religion
Sous la présidence de Pierre Boussaroque, Directeur-adjoint des Affaires Juridiques, Ministère des affaires étrangères
Médiation des conflits par la religion
Aurélie Tardieu, Maître de conférences de droit, Université Université Caen Normandie
La Cour islamique de justice
Pierre-François Laval, Professeur de droit, Université d'Orléans
Intervention et religion
Nabil Hajjami, Maître de conférences en droit public, Université Paris Nanterre
17h30 : Discussion avec la salle
18h00 : Conclusions
Jean-Marc Thouvenin, Professeur de droit, Université Paris Nanterre
L'inscription à cette manifestation scientifique est gratuite
La religion a-t-elle encore, dans le champ du droit international, un rôle dans son élaboration, la formation des normes, la manière dont il est appréhendé ?