Présentation
Cornelius Castoriadis disparaissait il y a 20 ans déjà, laissant à la postérité une œuvre importante et novatrice. Figure intellectuelle originale, il est à la fois célèbre et méconnu. Son nom est, et reste, le plus souvent, associé au groupe et à la revue Socialisme ou barbarie où, dans les années 1950 et 1960, s'est forgée l'une des analyses les plus lucides des régimes de type soviétique et une critique radicale du marxisme dans l'intention de sauver le projet révolutionnaire. La pensée de Castoriadis est, cependant, loin de se limiter à ce travail de théorie politique. Il a aussi élaboré, à partir des années 1960, une pensée proprement philosophique, révélée pour la première fois avec la publication, en 1975, de son maître-ouvrage, L'Institution imaginaire de la société, complété, par la suite, par les 6 volumes des Carrefours du labyrinthe.
A partir de 1980, après avoir été élu directeur d'études à l'EHESS, il tiendra, dans cet établissement, 16 années durant, un séminaire de philosophie. Il y entreprendra une vaste enquête, inséparablement philosophique et historique, consacrée à ce qu'il nommait « la création humaine ». Celle-ci n'est pas, loin s'en faut, indépendante de sa théorie politique. Le projet socialiste, puis démocratique, en un sens radical du terme, se nourrit chez lui d'une pensée du social-historique, selon son expression, qui joue le rôle d'une philosophie fondamentale.
Dans les ouvrages publiés de son vivant, Castoriadis traite de sujets de philosophie aussi bien que de politique, de psychanalyse aussi bien que d'économie, de sciences aussi bien que d'histoire grecque. Toutefois, sous cette apparente dispersion, la pensée de Castoriadis possède, sans prendre, certes, la forme d'un système, une grande cohérence. Ses concepts d'autonomie et d'hétéronomie, d'imaginaire social et d'imagination radicale, de chaos et de création, pour citer les plus évidents, informent toutes ses contributions, quel qu'en soit le champ disciplinaire.
Le présent colloque proposera, à la fois, un hommage et une discussion sans complaisance. Les intervenants se confronteront à la pensée de Castoriadis en engageant une discussion avec elle.
Spécialistes confirmés dans les champs de la politique ou de l'économie, de la sociologie, ou de la psychosociologie, de la psychanalyse ou de la philosophie, ils proposeront moins une évaluation globale de l'œuvre de Castoriadis qu'un examen de certaines de ses analyses en fonction de leurs propres thèmes de recherche et de leurs préoccupations personnelles. Loin des commentaires respectueux, il s'agira, à cette occasion, d'adresser à Castoriadis des questions susceptibles de mettre sa pensée à l'épreuve et, également, d'examiner les voies esquissées par cette pensée qui pourraient être reprises et prolongées de manière fructueuse. En un mot de soumettre à la discussion Castoriadis comme il le faisait lui-même avec les autres et comme il aurait aimé qu'on le fît avec lui – dans un esprit agonistique, parfois de manière polémique, mais, toujours, avec une force persuasive et une passion communicative peu communes.
Programme
Jeudi 26 octobre 2017
(Amphithéâtre Alan Turing, bât. Sophie Germain)
L'état du sujet aujourd'hui
9h30 : Accueil
9h50 : Présentation des 3 journées
Vincent Descombes
10h00 : Des significations imaginaires de la subjectivité et de ses avatars contemporains
Florence Giustdesprairies
10h30 : D'une subjectivité réfléchissante toujours à faire être
Gerassimos Stephanatos
11h00 : Castoriadis, critique de Lacan
Philippe Caumières
11h30 : Pause café
11h45 : Echange avec les participants
12h30 : Déjeuner
14h30 : Des sujets autonomes ?
Mats Rosengre
15h00 : La critique de la rationalité chez Castoriadis
Arnaud Tomès
15h30 : L'idée de création chez Castoriadis
Olivier Fressard
16h00 : Pause
16h15 : Table-ronde animée par Nicolas Poirier :
La réception et la diffusion des idées de Castoriadis
Avec Olivier Fressard, Florence Giust-Desprairies, Sophie Klimis, Mats Rosengren.
17h00 : Echanges avec la salle
18h00 : Fin
Vendredi 27 octobre 2017
(EHESS, Salle 13, 6e étage)
Le pouvoir instituant de la démocratie
9h00 : Accueil
9h30 : Penser le labyrinthe. Archives, démocratie et création
François Bordes
10h30 : Quelles sont les limites de la « société » ? Peuple, culture et politique
Stéphane Vibert
11h30 : Pause café
11h50 : « Il faut et il suffit que lʼenfant soit renvoyé à lʼinstitution de la signification », le complexe dʼOedipe selon C. Castoriadis
Irène Théry
13h00 : Déjeuner
14h30 : La démocratie et les institutions de lʼautolimitation
Philippe Urfalino
15h30 : La constitution imaginaire et passionnelle de la communauté politique : Castoriadis lu par Spinoza
Frédéric Lordon
16h30 : Pause café
16h40 : Lʼapport de Cornelius Castoriadis aux approches institutionnalistes critiques en économie
André Orléan
18h00 : Fin
Samedi 28 octobre 2017
(Amphithéâtre François Furet, EHESS)
Perspectives actuelles sur l'imaginaire social
9h00 : Accueil
9h10 : La question de la vérité chez Castoriadis
Frédéric Brahami
9h50 : Echanges avec la salle
10h10 : Politique et processus de laïcisation
Bruno Karsenti
10h50 : Echanges avec la salle
11h30 : Pause café
11h50 : Saisie imaginaire du monde, institutions politiques et autonomie des individus : de Castoriadis aux Grecs et des Grecs à nous
Sophie Klimis
12h30 : Echanges avec la salle
12h45 à 14h00 : Pot de l'amitié
Le présent colloque proposera, à la fois, un hommage et une discussion sans complaisance. Il est organisé par l'EHESS et l'Université Paris 7.